TECHNIQUE DE SOIN À DISTANCE :
ESSAI CLINIQUE RANDOMISÉ SIMPLE AVEUGLE
Effet sur l’intensité douloureuse d’une population hospitalière

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L'Université était gênée par les résultats intéressants qui risquaient d'orienter les projecteurs sur elle alors qu'elle souffrait d'un contexte politique délicat.
Ce travail bien fait ne pouvait pas recevoir de note éliminatoire, le cahier des charges était respecté et l'année était validée. Comment faire alors pour empêcher la diffusion du mémoire ? La solution fut trouvée de ne simplement pas lui attribuer de note, invalidant de facto le master.

Aux yeux de l'élève, ne pas publier ces résultats était un non-sens, tout comme le fait de solliciter directement des revues scientifiques pour une étude finalement préliminaire. Cependant, la gentillesse des enseignants-chercheurs a poussé au respect de cette censure prononcée par l'Université qui craignait des retombées sur elle. Le travail original a donc été remanié afin de ne pas faire apparaître les personnes et les lieux ressources.
D'où la version censurée du mémoire www.telegnos.fr/memoire2016.html

Aujourd'hui, cette version censurée est toujours en ligne, mais davantage pour le souvenir de l'évènement. Celles et ceux qui souhaiteraient consulter la version non-censurée peuvent lire le PDF original : Liévin-2016-CHEVÉ.pdf

Le jeune chercheur

Il était une fois en Université
Un élève brillant épris de vérité.
Il eut affaire un jour à un cadre enseignant
Convaincu d’être en lui d’un esprit bienveillant.
Bien coincé dans son cadre étriqué par nature,
Les propos qu’il tenait manquaient bien d’ouverture.
Et bien au-dessus d’eux un pouvoir despotique
Gouvernait de main ferme, écartant les critiques.
De doctes assemblées d’éminents bureaucrates
Détenaient vérité cachée sous la cravate.
Ces birbes vieillissant imbus de certitudes
Décidaient sans conseil et sans forme d’étude.
Le rôle qu’ils tenaient avait grande importance
Et ne pouvait souffrir d’aucune négligence.
Ils devaient décider en leur âme et conscience
Du bon ou du mauvais pour nous et pour la science.
Ils devaient empêcher tout excès et dérives,
Tracer notre chemin, vérifier qu’on le suive.
Malheur à qui voudrait se montrer réfractaire,
Il fallait se plier devant tout arbitraire.

Quand la chose établie ne dérange personne
On peut se persuader que la conduite est bonne.
Quand la chose établie devient une habitude,
Le nombre des années l’érige en certitude.
Et toute nouveauté peut venir déranger
Ce qui n’est devenu que tristes préjugés.
La Recherche en ce cas, férue de nouveauté,
Recevra bien des coups avec férocité.
Face aux vieilles idées qui voudront la combattre
Il lui faudra toujours se montrer opiniâtre.

Justement notre élève à l’âme de chercheur
Allait s’y confronter en tant que précurseur.
Il était diplômé, et doté de ce droit,
Il lui prit de tester quelque soin hors la loi.
Et finement armé des textes nécessaires
On n’allait pas pouvoir l’empêcher de le faire.
La chose paraissait des plus extravagantes,
Soulager sans toucher des douleurs existantes.
La pensée toute seule était l’unique acteur,
Rien d’autre pour agir que ce simple vecteur.
Et si aucun danger n’entravait la technique
Elle était pourtant vue comme objet satanique.
Tout soin non éprouvé viendrait d’un charlatan,
On en verrait l’étude réduite à néant.
Trouver lieu d’expérience serait malaisé,
Et bien des lieux d’étude seraient refusés.

On jugeait l’expérience d’un fort intérêt,
Mais les refus pleuvaient, émaillés de regrets.
« Nous sommes désolés, pas chez nous » disait-on
En prétextant alors de multiples raisons.
« Surtout n’oubliez pas de revenir nous voir,
Tenez-nous informés, nous voudrions savoir… »
La chance vint enfin pour ce jeune chercheur,
On lui ouvrit la porte en toute dernière heure.
Le sujet étudié n’était pas anodin,
Il allait à coup sûr en perturber plus d’un.

Les cadres enseignants, sans y être opposés,
Redoutaient cependant le sujet exposé.
On avait perturbé deux assemblées de sages
Qui dénouaient cravate en grand remue-ménage.
On osait faire atteinte aux vieilles convictions,
Ils allaient menacer de possibles sanctions.
Curieusement alors les cadres enseignants
Laissaient à son projet notre jeune étudiant.
Il était informé d’avis défavorables,
Mais pas d’interdiction qui lui soit dommageable.
Et lorsqu’il demandait qu’on lui montre le texte,
Toujours on lui cachait sous multiples prétextes.
Quelques jours précédant le moment du rapport
Il fut mis au courant d’un autre désaccord.

Chacun pour ses raisons voudrait-il bien savoir
Les résultats sortis de ce fameux mémoire ?
Les uns tordraient le cou à tous ces charlatans
Et les autres verraient des travaux excitants.

Au bout de quelques mois, le travail attendu,
Devant docte assemblée, était enfin rendu.
L’étude était patente et significative,
Cela mériterait que d’autres la poursuivent.
Le mental agissait, et de toute évidence
On pouvait soulager par des soins à distance.
Outrage aux convictions ! La chose était possible.
Notre étudiant fut pris subitement pour cible.
Notre cadre étriqué bouillait de l’intérieur,
Critiquant à tout va notre jeune chercheur.
L’étude en aucun cas ne serait retenue
Puisque cette technique n’était pas connue.
La douleur pour chacun étant trop subjective,
Tenter de l’étudier ne serait que dérive.
Et d’autres arguments d’aussi mauvaise foi
Frappaient notre étudiant devenu hors-la-loi.

Laissons les convictions à ceux qui le méritent,
Peut-être verront-ils un beau jour leurs limites.
Les esprits plus sensés et de bonne ouverture
Ne peuvent adhérer à de telles censures.

Notre jeune chercheur était félicité,
Le travail accompli était de qualité,
On ne tarissait pas de sincères louanges,
Mais que faire en ce cas quand le sujet dérange ?
Toute étude acceptée rend parution possible,
Et l’Université serait prise pour cible.
Aucune notation ne fut alors donnée,
Notre jeune chercheur en fut bien sanctionné.
Aucune notation, pas de diplôme en poche,
Et puis finalement une armée de reproches.
Alors notre étudiant fera n’importe quoi,
Il aura son diplôme en restant dans la loi.

Si vous voulez un jour faire avancer la science,
Soyez bien obstiné, armez-vous de patience.
Ne soyez pas surpris des coups les plus tordus,
N’attendez jamais rien d’un travail assidu.
Les prêtres du savoir auront beau interdire,
Ce qui est découvert s’inscrit dans l’avenir.
Tant qu’on interdira les travaux des chercheurs,
On ne quittera pas le temps des dictateurs.
Le droit de découvrir n’appartient à personne,
Ne le confiez jamais à ceux qui déraisonnent.

Yves Lhotellier ©